Le chômage d'équilibre désigne, pour les économistes, une situation où l'
économie fonctionne (et est donc en équilibre) avec un taux de chômage sle. La notion de chômage d'équilibre ne veut pas dire que ce chômage est incompressible. Ce terme est utile pour indiquer qu'il existe une composante structurelle du chômage qui n'est donc pas liée A une fluctuation sur court terme de l'économie.
Les courants d'inspiration keynésienne et néoclassique proposent deux interprétations.
Le dilemme inflation-chômage
La première analyse s'appuie sur l'existence des -courbes de Phillips-, du nom de l'économiste néo-zélandais A.W. Phillips qui a mis en édence cette relation pour le Royaume-Uni. Historiquement, on constate que les taux de
croissance des salaires nominaux sont plus élevés quand le taux de chômage est bas. Pour les keynésiens, l'interprétation de ce phénomène se résume ainsi : un taux de chômage faible met les salariés en position favorable pour obtenir des hausses de salaire. Mais les employeurs répercutent les hausses de salaire sur leurs prix. Ainsi est déclenchée une boucle inflationniste : les salariés réagiront A la hausse
des prix (qui correspond A une baisse de leur pouvoir d'achat) en revendiquant une nouvelle hausse des salaires, etc. Un faible taux de chômage entraine donc des salaires plus élevés, qui conduisent A une augmentation des prix, et donc A l'inflation Inversement, une hausse du chômage conduira A une baisse de l'inflation. Le système
économique est donc soumis A un dilemme : chômage ou inflation ? Pour tenter d'arbitrer entre les deux sans provoquer ni excès de chômage, ni excès d'inflation, les économistes tentent de déterminer un juste taux de chômage qui n'accélère pas l'inflation. C'est le NAIRU ou Non Accelerating Inflation Rate of Unemploy-ment; son niveau est fonction des caractéristiques de chaque économie (degré d'indexation des salaires sur
les prix, productité du travail, etc.). Une conséquence importante en découle : une politique de relance n'a d'effets positifs durables que si le taux de chômage est supérieur au NAIRU. Dans le cas contraire, elle provoquera de l'inflation. Et lorsque la priorité est
donnée A la lutte contre l'inflation, des taux de chômage élevés peuvent en résulter.
Fixation des prix et des salaires
Les nouvelles théories néoclassiques ont une définition différente du chômage d'équilibre. Dans un marché du
travail de concurrence monopolistique (1), la détermination de l'emploi résulte de la confrontation de deux mécanismes :
- le montant des salaires résulte de la
négociation collective ; le syndicat et les salariés essaient de maximiser les salaires ;
- les firmes essayant de maximiser leurs profits, le niveau d'emploi qu'elles fixent sera d'autant plus faible que le coût salarial est plus élevé.
L'intersection de ces deux courbes définit un taux de salaire et un niveau d'emploi donné. Le chômage résulte donc d'un niveau excessif du salaire réel. Mais dans ce contexte de concurrence imparfaite (puisque les salaires ne sont pas fixés par le jeu de l'offre et de la demande mais par le jeu de la négociation collective), le chômage involontaire ne peut pas AStre éliminé. Différentes hypothèses ont été proposées pour expliquer le maintien durable de ces taux de salaire : contrats implicites, salaires d'efficience, etc. ; leur conclusion commune est qu'il existe un taux de chômage nécessaire pour équilibrer le conflit de répartition entre employeurs et salariés. La réduction du taux de chômage d'équilibre passe principalement par des politiques sant A instaurer les mécanismes concurrentiels de détermination des prix et des salaires.