NAVIGATION RAPIDE : » Index » MANAGEMENT » RESSOURCES HUMAINES » Salaires nominaux et prix Variations des salaires nominaux
Il eût été préférable que les effets des variations dans les salaires nominaux pussent être examinés plus tôt, caria théorie classique a été habituée à expliquer l'attitude supposée du système économique à s'ajuster de lui-même par une prétendue fluidité des salaires nominaux et, quand ceux-ci sont rigides, à rendre cette rigidité responsable du non-ajustement. L'explication généralement admise est, si nous la comprenons bien, des plus simples. Elle ne fait internir aucune répercussion indirecte, semblable à celles que nous examinerons par la suite. Le raisonnement est simplement qu'une réduction des salaires nominaux, toutes choses égales d'ailleurs, stimule la demande en abaissant le prix des produits finis, et par suite qu'elle déloppe la production et l'emploi jusqu'à ce que la réduction des salaires nominaux consentie par la main-d'œuvre soit exactement compensée par le déclin du rendement marginal du travail qui accomne l'accroissement de la production (lorsque l'équipement ne change pas). Dans sa forme la plus sommaire un tel raisonnement revient à supposer que la réduction des salaires nominaux laisse la demande inchangée. Peut-être certains économistes soutiendraient-ils qu'il n'y a pas de raison que la demande varie, puisque son montant global dépend de la quantité de monnaie multipliée par la vitesse de transformation de la monnaie en renu et qu'il n'y a pas de raison évidente pour qu'une réduction des salaires nominaux fasse baisser la quantité de monnaie ou la vitesse de sa transformation en renu. Ces économistes pourraient même soutenir que la baisse des salaires a nécessairement pour effet de grossir les profits. Mais plus habituellement, croyons-nous, on reconnait qu'une baisse des salaires nominaux, en réduisant le pouvoir d'achat de certains travailleurs, peut avoir quelque effet sur la demande globale ; on soutient qu'en revanche la demande globale émanant des autres facteurs de production, dont les renus nominaux n'ont pas été réduits, se trou stimulée par la baisse des prix et que très probablement la demande globale émanant des travailleurs eux-mêmes est accrue du fait de l'augmentation de l'emploi, à moins que la demande de main-d'œuvre réagisse aux variations des salaires nominaux ac une élasticité inférieure à un. Dans le noul équilibre, il y a donc plus d'emploi qu'il n'y en aurait eu autrement, hors peut-être quelque rare cas limite qui ne se rencontre pas dans la réalité. C'est à ce type d'analyse que la nôtre s'oppose essentiellement, ou plutôt à l'analyse qu'on devine derrière les considérations analogues à celles qui précèdent ; car si nous croyons avoir honnêtement traduit la façon de penser et d'écrire de maints économistes, leur analyse de base a rarement été consignée en termes précis. Il apparait cependant qu'on a sans doute été conduit à cette façon de penser par la voie suivante. Dans une industrie donnée quelconque il existe une courbe de la demande du produit reliant aux prix demandés les quantités qui peunt être ndues ; il existe aussi une série de courbes d'offre reliant aux dirses quantités pouvant être ndues les prix qui seraient demandés sur les dirses bases de coût ; la combinaison de ces courbes permet d'en obtenir une noulle qui, à supposer que les éléments de coût autres que les salaires restent inchangés (sauf du fait des changements de volume de la production), constitue la courbe de la demande de main-d'œuvre dans l'industrie considérée, c'est-à-dire la courbe reliant le volume de l'emploi aux différents niaux de salaires, la forme de cette courbe en chacun de ses points fournissant l'élasticité de la demande de main-d'œuvre. On transfère alors cette conception, sans y apporter de changement substantiel, à l'ensemble de l'industrie, et on admet, par analogie, qu'il existe dans l'industrie tout entière une courbe de la demande de main-d'œuvre reliant le volume de l'emploi aux différents niaux des salaires. Que l'on raisonne en termes de salaires nominaux ou de salaires réels, on estime qu'il n'en résulte pas de différence appréciable. Si on raisonne en termes de salaires nominaux il faut assurément tenir compte des variations de valeur de la monnaie ; mais l'orientation générale du raisonnement n'est pas altérée, car les prix ne varient certainement pas dans une proportion aussi forte que les salaires nominaux. Si tel est bien l'essentiel du raisonnement (et sinon nous ignorons quel il peut être), il est certainement fallacieux. Car, pour tracer la courbe de la demande dans une industrie particulière, on est obligé d'adopter certaines hypothèses fixes quant à la forme des courbes de l'offre et de la demande dans les autres industries et quant au montant de la demande effecti globale. Il n'est donc pas légitime de transférer le raisonnement à l'industrie dans son ensemble à moins d'y transférer aussi l'hypothèse de la fixité de la demande effecti globale. Or cette hypothèse réduit l'argument à un escamotage du problème. Personne en effet ne songerait à nier que, lorsque la demande effecti reste constante, une réduction des salaires nominaux s'accomne d'une augmentation de l'emploi ; mais la question à résoudre est précisément de savoir si la réduction des salaires nominaux laissera subsister ou non une demande effecti globale qui, mesurée en monnaie, sera égale à la demande antérieure ou n'aura pas, du moins, subi une réduction pleinement proportionnelle à celle des salaires nominaux (/. e. qui, mesurée en unités de salaire, sera quelque peu supérieure à la demande initiale). Mais, s'il est interdit à la théorie classique d'étendre par analogie à l'industrie dans son ensemble ses conclusions relatis à une industrie particulière, elle est tout à fait incapable de répondre à la question concernant l'effet qu'une réduction des salaires nominaux produit sur l'emploi, car elle n'a pas de méthode d'analyse pour s'attaquer à ce problème. La Theory of Unemployment du Professeur Pigou nous semble extraire de la Théorie Classique tout ce qu'on en peut tirer ; l'ouvrage prou donc d'une façon saisissante que cette théorie n'a rien à offrir quand on s'en sert pour chercher ce qui détermine le volume de l'emploi existant dans son ensemble (1). Appliquons donc notre propre méthode d'analyse à la résolution du problème. Celle-ci sera divisée en deux parties : 1° Une réduction des salaires nominaux a-t-elle pour effet direct, toutes choses égales d'ailleurs, d'augmenter l'emploi ? — l'incise « toutes choses égales d'ailleurs » signifiant que dans la communauté tout entière iln'y a pas de variation de la propension à consommer, de la courbe de l'efficacité marginale du capital, ni du taux de l'intérêt 2° Une réduction des salaires nominaux a-t-elle pour effet certain ou probable de modifier l'emploi dans un sens particulier du fait de ses répercussions certaines ou probables sur ces trois facteurs ? A la première question nous avons déjà répondu par la négati dans les chapitres précédents. Nous avons démontré en effet que le volume de l'emploi est associé par une relation biunivoque au montant de la demande effecti mesurée en unités de salaires, et que la demande effecti, étant la somme de la consommation et de l'instissement attendus, ne peut pas varier si la propension à consommer, la courbe de l'efficacité marginale du capital et le taux de l'intérêt demeurent tous inchangés. Si, en l'absence de variation de ces facteurs, les entrepreneurs augmentaient le volume de l'emploi, leur « produit* » tomberait nécessairement au-dessous de leur prix d'offre. Ainsi la réduction des salaires nominaux ne saurait d'une façon durable accroitre l'emploi, si ce n'est par ses répercussions sur la propension de la communauté à consommer, ou sur les courbes des efficacités marginales des capitaux, ou sur le taux de l'intérêt. Pour analyser les conséquences d'une telle réduction, il n'y a pas d'autre méthode que de scruter ses effets possibles sur ces trois facteurs. Dans la pratique les répercussions les plus importantes paraissent être les suivantes : 1° Une réduction des salaires nominaux diminuera plus ou moins les prix. Elle entrainera donc un certain transfert de renu réel : a) des salariés aux autres facteurs qui participent au coût premier marginal* et dont la rémunération n'a pas été réduite ; b) des entrepreneurs aux rentiers, à qui un certain renu nominal a été garanti. Quel sera l'effet de ce changement de répartition sur la propension à consommer de la communauté dans son ensemble ? Le transfert de renu des salariés aux autres facteurs de production est de nature à diminuer la propension à consommer. Quant au transfert de renu des entrepreneurs aux rentiers, son effet est plus douteux. Mais, si dans la communauté les rentiers représentent en gros la classe la plus riche et celle dont le niau de vie est le moins élastique, l'effet sera encore défavorable. Quel sera le résultat net de ces transferts, compte tenu de toutes les considérations qui interviennent ? On ne peut que le conjecturer. Sans doute y a-t-il plus de chances qu'il soit contraire que favorable. 2° Si on a affaire à un système ourt et si la réduction des salaires nominaux est une réduction par rapport aux salaires nominaux à l'étranger, les uns et les autres étant rapportés à une même unité, la variation est évidemment favorable à l'instissement puisqu'elle tend à améliorer la balance commerciale (l)Ceci suppose évidemment que le bénéfice ne soit pas annihilé par une modification des tarifs douaniers, des contingentements, etc. Si la croyance traditionnelle à l'efficacité d'une réduction des salaires nominaux en tant que moyen d'augmenter l'emploi est plus déloppée en Angleterre qu'aux États-Unis, c'est probablement parce que les États-Unis possèdent plus que l'Angleterre le caractère d'une économie fermée. 3° Dans le cas d'un système ourt une réduction des salaires nominaux, tout en augmentant le solde créditeur de la balance commerciale, est de nature à détériorer les termes de l'échange. Les renus réels autres que ceux des chômeurs remployés subiront donc une réduction qui pourra contribuer à augmenter la propension à consom -mer. 4° Si la réduction des salaires nominaux parait devoir être une réduction par rapport aux salaires nominaux futurs, elle sera favorable à l'instissement, parce que, comme nous l'avons vu, elle augmentera l'efficacité marginale du capital ; pour la même raison elle pourra également être favorable à la consommation. En revanche, si elle donne naissance à une prévision ou simplement à une sérieuse possibilité de noulle réduction dans l'anir, elle produira l'effet exactement inrse, car elle diminuera l'efficacité marginale du capital et entrainera à la fois l'ajournement de l'instissement et celui de la consommation. 5° La réduction des salaires nominaux, qui s'accomne en général d'une certaine baisse des prix et des renus nominaux, affaiblira le besoin d'argent liquide pour le motif du renu et pour le motif professionnel ; par suite elle fera baisser d'autant la courbe de la préférence pour la liquidité relati à la communauté tout entière. Toutes choses restant égales, elle diminuera donc le taux de l'intérêt et se montrera favorable à l'instissement. Dans ce cas l'effet des pronostics concernant l'évolution future sera de sens contraire à celui que nous nons d'examiner au § 4. Car, si l'on s'attend à un redressement ultérieur des salaires et des prix, l'effet favorable sera beaucoup moins marqué sur les prêts à long terme que sur les prêts à court terme. De plus, si la réduction des salaires en causant du mécontentement dans le peuple nuit sur le politique à la confiance, le renforcement de la préférence pour la liquidité qui en sera la conséquence absorbera une quantité d'argent liquide supérieure à celle qui se troura libérée de la circulation acti. 6° Puisque une réduction des salaires nominaux particulière à une entreprise ou à une industrie est toujours profile à cette entreprise ou à cette industrie prise individuellement, il se peut qu'une réduction générale des salaires, bien qu'elle produise en réalité des effets différents, fasse naitre, elle aussi, un état d'esprit optimiste chez les entrepreneurs ; ouvrant ainsi une brèche dans le cercle vicieux des appréciations indûment pessimistes de l'efficacité marginale du capital et remettant les choses en train sur la base de prévisions plus normales. En revanche, si les travailleurs font la même erreur que les patrons en ce qui concerne les effets d'une réduction générale des salaires, il se peut que l'agitation ouvrière compense cet effet favorable. Cette éntualité est d'autant plus à craindre qu'il n'y a d'ordinaire aucun moyen de réaliser à la fois dans toutes les industries une réduction uniforme des salaires nominaux et que par conséquent chaque travailleur a intérêt à s'opposer à la réduction dans son cas particulier. En fait, l'effort des entrepreneurs pour réviser les contrats de salaires dans le sens de la baisse rencontre beaucoup plus de résistance que la baisse graduelle et automatique des salaires réels qui résulte d'une hausse des prix. 7° D'autre part l'influence déprimante que l'alourdissement des dettes exerce sur les entrepreneurs peut contrebalancer en partie toute conséquence heureuse de la réduction des salaires. A la vérité, si la baisse des salaires et des prix prend une certaine extension, les entrepreneurs qui sont fortement endettés peunt se trour rapidement gênés au point de denir insolvables, ce qui porte une gra atteinte à l'activité de l'instissement. Au surplus la baisse des prix, aggravant la charge réelle de la Dette Publique et par conséquent celles des impôts, est de nature à provoquer dans les milieux d'affaires un profond affaiblissement de la confiance. Dès lors, si on limite le raisonnement au cas d'un système fermé et si on admet qu'il n'y a rien, ou en tout cas rien de bon, à attendre des répercussions que les transferts de renu réel produisent sur la propension de la communauté à consommer, l'espoir qu'une réduction des salaires nominaux agisse favorablement sur l'emploi doit être surtout fondé sur l'amélioration que la hausse de l'efficacité marginale du capital visée au § 4 ou la baisse du taux de l'intérêt visée au § 5 peunt amener dans l'instissement. Examinons de plus près ces deux possibilités. La contingence favorable à l'efficacité marginale du capital est celle où l'on croit que les salaires nominaux ont atteint leur minimum et que leurs variations ultérieures seront orientées rs la hausse. La contingence la plus défavorable est celle où les salaires nominaux fléchissent lentement et où chaque réduction affaiblit la confiance dans leurr chances de se maintenir par la suite. Au début d'une période de déclin de la demande effecti une réduction soudaine et importante des salaires nominaux, qui les amènerait à un niau si bas que personne ne pourrait croire à sa persistance indéfinie, serait l'éntualité la plus favorable à la restauration de la demande effecti. Mais une réduction de ce genre ne peut être accomplie que par décision administrati; elle ne semble guère possible dans un régime de libre discussion des salaires. D'autre part, il vaudrait bien mieux que les salaires fussent fixés rigidement et jugés non susceptibles de changement appréciable plutôt que d'accuser en période de dépression une tendance à baisser graduellement, où chaque augmentation, disons de 1 %, du chômage est interprétée comme l'annonce d'une noulle baisse modérée de leur montant. Si l'on s'attend, par exemple, à une baisse de 2 % des salaires au cours de l'année suivante, l'effet sera à peu près équivalent à celui d'une hausse de 2 % de l'intérêt payable pendant cette période. Et les mêmes observations s'appliquent mutatis mutandis à une période d'essor. n s'ensuit que, eu égard aux coutumes et institutions telles qu'elles existent dans le monde contemporain, il est plus expédient de poursuivre une politique de salaires nominaux rigides qu'une politique de salaires souples s'adaptant par petites étapes aux variations du chômage — pour autant, bien entendu, qu'on considère l'efficacité marginale du capital. Mais cette conclusion n'est-elle pas infirmée lorsqu'on en vient au taux de l'intérêt ? Ainsi l'effet produit sur la demande de monnaie par la baisse des salaires et des prix apparait comme la seule base solide sur laquelle ceux qui prêtent au système économique la propriété de s'ajuster de lui-même peunt fonder leur raisonnement ; encore qu'à notre connaissance ils ne l'aient jamais fait. A vrai dire, si la quantité de monnaie est elle-même fonction du niau des salaires et des prix, il n 'y a rien à espérer dans cette voie.Mais.sila quantité de monnaie est virtuellement fixe, il est évident qu'au moyen d'une réduction suffisante des salaires nominaux la quantité de monnaie mesurée en unités de salaire peut être indéfiniment augmentée ; et que le rapport entre cette quantité et l'ensemble des renus peut être grandement accru, la limite de l'accroissement dépendant d'une part de la proportion du coût des salaires dans le coût premier marginal et d'autre part de la réaction des autres éléments du coût premier marginal à la baisse de l'unité de salaire. On peut donc, au moins en théorie, produire exactement les mêmes effets sur le taux de l'intérêt, en réduisant les salaires sans modifier la quantité de monnaie, et en augmentant la quantité de monnaie sans modifier le niau des salaires. Par suite on rencontre les mêmes bornes aux possibilités d'assurer le plein emploi par la réduction des salaires que par l'augmentation de la quantité de monnaie. Nous avons exposé précédemment les raisons qui limitent l'efficacité des accroissements de la quantité de monnaie en tant que moyen de porter le flux d'instissement à son montant optimum. Les mêmes raisons s'appliquent mutatis mutandis aux réductions de salaires. De même qu'un accroissement modéré de la quantité de monnaie peut avoir une influence insuffisante sur le taux de l'intérêt à long terme, et qu'un accroissement immodéré risque de porter à la confiance une atteinte qui annule ses autres avantages, de même exactement une réduction modérée des salaires nominaux peut se révéler inadéquate, tandis qu'une réduction immodérée, à supposer qu'elle soit réalisable, risque d'ébranler la confiance. n n'y a donc pas de raison de croire qu'une politique de salaires souples puisse maintenir un état permanent de plein emploi, pas plus qu'il n'y a de raison de croire qu'une politique monétaire de marché ourt puisse à elle seule obtenir ce résultat. De tels moyens ne sauraient conférer au système économique la propriété de s'ajuster de lui-même. A la vérité, si chaque fois qu'on s'écartait du plein emploi la main-d'œuvre était en mesure d'internir (et qu'elle fût disposée à le faire) pour réduire par une action concertée ses demandes de salaires nominaux autant qu'il faudrait pour créer une abondance de monnaie par rapport à l'unité de salaire telle que le taux de l'intérêt baissat au niau compatible ac le plein emploi, ce seraient alors les syndicats ouvriers et non le système bancaire qui, en fait, assureraient le gournement de la monnaie en vue de maintenir le plein emploi. Bien qu'une politique de salaires souple et une politique monétaire souple reviennent analytiquement au même, puisqu'elles sont toutes deux des moyens de modifier la quantité de monnaie mesurée en unités de salaire, il n'en est pas moins vrai qu'à d'autres égards elles se distinguent par un monde de différences. Rappelons brièment au lecteur les trois considérations essentielles. 1° Sauf dans une communauté socialisée où les salaires sont fixés par décret, il n'y a aucun moyen de réaliser une réduction uniforme des salaires dans toutes les catégories de la main-d'œuvre. La baisse ne peut être obtenue qu'au prix d'une série de fléchissements graduels et désordonnés, qu'aucun critère de justice sociale ou d'opportunité économique ne justifie, et qui ne s'accomplissent d'ordinaire qu'après des luttes vaines et désastreuses, où ceux qui se trount dans la position de négociation la plus faible patissent atiment aux autres. Quant à la modification de la quantité de monnaie, la plupart des gournements ont déjà le pouvoir de la réaliser par des opérations sur le marché ourt ou par des mesures analogues. Connaissant la nature humaine et les institutions existantes, il faudrait être dépourvu de bon sens pour préférer une politique de salaires souple à une politique souple de la monnaie, si l'on ne peut invoquer en faur de la première aucun avantage qui ne puisse être obtenu de la seconde. Du reste, à égalité de connance en d'autres domaines, une méthode dont l'application est atiment aisée devrait être jugée préférable à une méthode qui est sans doute trop difficile pour être pratiquement applicable. 3° Des deux méthodes propres à augmenter la quantité de monnaie mesurée en unités de salaire, l'une, celle qui consiste à diminuer l'unité de salaire, accroit proportionnellement le fardeau des dettes, l'autre, celle qui consiste à augmenter la quantité de monnaie sans changer l'unité de salaire, produit l'effet contraire. Eu égard au poids excessif de maintes catégories de dettes, il faudrait être dépourvu d'expérience pour préférer la première à la seconde. 4° Lorsqu 'un fléchissement par palier du taux de l'intérêt doit être obtenu en conséquence d'un déclin graduel des salaires, il existe, pour les motifs indiqués ci-dessus, un double frein à l'efficacité marginale du capital, une double raison de différer l'instissement, et par suite un double obstacle à la reprise. Il apparait donc que, si la main-d'œuvre, en réponse à un déclin graduel de l'emploi, offrait ses services à un salaire nominal de plus en plus bas, il n 'en résulterait en règle générale aucune diminution des salaires réels ; peut-être même ces salaires réels augmenteraient-ils, puisque le volume de la production tendrait à décroitre. L'effet principal d'une telle politique serait de causer une grande insilité des prix, insilité qui pourrait être assez violente, dans une société économique fonctionnant comme celle où nous vivons, pour enler toute portée aux calculs des hommes d'affaires. C'est une contre-vérité qu'une politique de salaires souple soit un attribut logique et spécifique d'un système fondé dans son ensemble sur le principe du laissez-faire. Une telle politique ne pourrait réussir que dans une société soumise à une forte autorité, capable d'imposer des réductions de salaires soudaines, profondes et générales. Sa mise en œuvre pourrait se concevoir en Italie, en Allemagne ou en Russie, mais non en France, aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Si on tentait, comme en Australie, d ' assurer par voie législati la fixité des salaires réels, il y aurait un certain volume de l'emploi qui correspondrait au niau légal des salaires réels. Le volume effectif de l'emploi, dans un système fermé, oscillerait violemment entre ce volume et l'absence totale d'emploi, selon que le flux de l'instissement nouau serait supérieur ou inférieur au montant compatible ac ledit volume. Quant aux prix, ils se trouraient en équilibre insle tant que l'instissement nouau resterait au montant critique, s'effondrant à zéro quand il serait plus faible et bondissant à l'infini quand il serait plus fort. Pour trour, s'il se peut, un élément de silité il faudrait déterminer les facteurs qui agissent sur la quantité de monnaie de telle façon qu'il puisse toujours exister un niau de salaires nominaux où la quantité de monnaie soit celle qui élit entre le taux de l'intérêt et l'efficacité marginale du capital la relation propre à maintenir l'instissement au montant critique. L'emploi serait alors constant (au niau compatible ac le salaire réel légal) ; les salaires nominaux etles prix oscillant rapidement dans les seules proportions nécessaires pour maintenir le flux d'instissement au montant approprié. Dans le cas concret de l'Australie la solution a été trouvée en partie bien entendu dans l'impuissance inévile de la législation à atteindre son but, mais en partie aussi dans le fait que l'Australie n'est pas un système fermé ; le niau des salaires nominaux était lui-même un facteur déterminant de l'instissement extérieur et partant de l'instissement total, tandis que les termes de l'échange exerçaient une influence sensible sur le prix des biens de consommation ouvrière (1). A la lumière de ces considérations nous estimons maintenant que le maintien de la silité du niau général des salaires nominaux constitue, tout bien pesé, la politique la plus sage pour un système fermé. La même conclusion reste valable dans un système ourt, pourvu que l'équilibre ac le reste du monde puisse être assuré par les variations du change. Il est avantageux que dans les industries particulières les salaires présentent un certain degré de souplesse de manière à hater les transferts de main-d'œuvre de celles qui déclinent à celles qui progressent, par rapport à la moyenne. Mais le niau général des salaires nominaux devrait être maintenu aussi sle que possible, à tout le moins dans la courte période. Une telle politique se traduirait par une silité assez grande du niau des prix — silité plus grande en tout cas que dans le cadre d'une politique de salaires souples. Dans la courte période les prix autres que les prix « administrés », et les prix de monopole ne varieraient que sous l'effet des variations de l'emploi dans la mesure où celles-ci affecteraient les coûts premiers marginaux. Dans la longue période ils ne varieraient qu'en réponse aux baisses des coûts de production dues aux progrès techniques, à l'amélioration de l'équipement ou à son extension. Il n'en est pas moins vrai que, s'il se produisait de fortes variations de l'emploi, elles s'accomneraient de fluctuations noles du niau des prix. Mais celles-ci, nous l'avons dit, seraient moins importantes que dans le cadre d'une politique de salaires souples. Ainsi, dans le cas d'une politique de salaires rigides, la silité des prix dans la courte période est liée à l'absence de fluctuations de l'emploi. D'autre part, en ce qui concerne la longue période, il reste encore à choisir entre une politique de salaires sles laissant les prix fléchir lentement à mesure que la technique et l'équipement progressent et une politique de prix sles laissant les salaires monter lentement. A tout prendre, c 'est à la dernière que va notre préférence, eu égard au fait qu'il est plus facile de maintenir le volume effectif de l'emploi dans une limite donnée de proximité du plein emploi lorsqu'on s'attend à la hausse des salaires que lorsqu'on s'attend à leur baisse, et aussi en considération des avantages sociaux inhérents à l'allégement graduel des dettes, de la plus grande facilité de l'ajustement entre les industries déclinantes et les industries progressantes et enfin de l'encouragement psychologique que l'on éprou d'ordinaire quand les salaires nominaux manifestent une tendance modérée à la hausse. Mais ceci ne soulè aucune question de principe ; nous ne pourrions sans sortir des limites de notre sujet exposer en détail les arguments dans un sens et dans l'autre. |
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