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ECONOMIE

L'économie, ou l'activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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La critique heideggerienne de l'humanisme

Il y a évidemment quelque paradoxe à vouloir surprendre dans la pensée de Heidegger une « dimension éthique »*. Car depuis 1946 et la Lettre sur l'humanisme on sait que Heidegger a voulu ac insistance situer son entreprise à l'écart des préoccupations éthiques. A la question de J. Beaufret sur « le rapport d'une ontologie ac une éthique possible »2, Heidegger répond d'abord, comme à l'accoutumée, par une mise en question de la question elle-même - et cela à deux niaux :
- Au niau terminologique : de même que le terme d' « onto-logie » est inadéquat pour désigner ce qu'a inauguré Sein und Zeit en 19273, celui d' « éthique » appartient au vocabulaire de la philosophie scolarisée, voire scolastique, en tout cas n'apparait « qu'au moment où la pensée originelle est sur son déclin »*, et avant cette époque (celle de l'école de Platon) les penseurs ne connaissaient pas plus 1' « éthique » que la « logique » ou la « physique »2. Si donc la « question de l'Etre » « ne peut être posée de façon satisfaisante dans le domaine de la métaphysique traditionnelle »s et si c'est ac le platonisme que s'inaugure la métaphysique4, la pensée qui tente de faire de l'Etre son affaire et sa question ne saurait s'accommoder d'une terminologie contemporaine de l'avènement de la métaphysique, c'est-à-dire de I* « effondrement de la pensée »5. Chez Heidegger, il ne s'agirait donc, à proprement parler, ni d' « éthique », ni d' « ontologie » : en ce sens la question posée par J. Beaufret deviendrait « sans fondement »6. Cependant, terminologiquement inadéquate, elle conser « un sens et un poids essentiels », précise aussitôt Heidegger, si on la pense « plus originellement » (ursprunglicher).
Au niau de son contenu, la question mérite en effet examen et doit éntuellement être à nouau mise elle-même en question, plus radicalement cette fois. Entendue « plus originellement », elle a alors pour contenu : la pensée qui se ut « mémoire de l'Etre » fournit-elle « des indications pour la vie pratique et uti-lisables par elle »' ? Autrement dit : offre-t-elle au « berger de l'Etre »8 de quoi s'orienter aussi au sein de l'étant ? Le rapport à l'Etre, qu'il s'agit de rendre possible, peut-il être normatif pour la relation à l'étant ? Cette question (celle, si l'on ut, de la « pratique ») reçoit de Heidegger une réponse sans appel : « ni théorique, ni pratique », la pensée de l'Etre est pensée de l'Etre « et rien d'autre », « elle ne produit aucun effet »', et envisager qu'elle puisse être normati pour notre relation à l'étant, c'est encore lui accorder un « effet » - ce qui ne saurait être : même entendue « plus originellement », la question des prolongements « éthiques » de l' « ontologie fondamentale » n'a donc pas lieu d'être. Et l'on comprend comment Arendt, à la suite de Heidegger, reprend contre tout volontarisme le concept « d'acquiescement ».
Encore faut-il interpréter cette réponse de Heidegger et, pour cela, remonter de quelques es en arrière dans la Lettre sur l'humanisme. Heidegger explique en effet sur quel mode sa pensée est un « anti-humanisme » et « s'oppose aux valeurs » : « L'appréciation de quelque chose comme valeur ne donne cours à ce qui est valorisé que comme objet de l'évaluation de l'homme », soit : « toute valorisation est une subjectivation » qui, au lieu de laisser (lassen) l'étant être et se déployer dans son être, en fait seulement un objet pour un sujet; le point de vue des valeurs et le point de vue de la subjectivité ne font qu'un, et en ce sens la position de valeurs est « le plus grand blasphème qui se puisse penser contre l'Etre »2. Or il est clair que l'éthique est la pensée qui fait « valoir » les conditions et les exigences d'une existence vérita blement humaine : appartenant par essence à la métaphysique de la subjectivité, elle ne peut donc qu'être étrangère à la pensée de l'Etre. Voilà pourquoi Heidegger peut éluder la question des prolongements éthiques de son entreprise et indiquer qu'il pense bien plutôt « contre la subjectivation qui fait de l'étant un objet »8, donc contre les valeurs, donc - ajouterai-je - contre l'éthique (soit - tout autant : contre Fichte). Voilà pourquoi, aussi, situant ainsi le point de vue éthique, Heidegger ne saurait le prendre en compte si d'anture un tel point de vue réapparaissait au sein même de sa pensée : à ses yeux, il serait en effet l'indice même que cette pensée resterait prisonnière de ce ac quoi elle essaie de rompre, c'est-à-dire de cette métaphysique de la subjectivité dont la vision morale du monde, chez Fichte, lui apparait n'être que l'un des ultimes moments.
Heidegger contre l'éthique (contre Fichte) : à moins d'entendre par « éthique » non plus la mise en place des valeurs selon lesquelles le sujet doit régler ses mours mais (en un coup de force contre la langue, que tente la Lettre sur l'humanisme) la pensée qui « pense le séjour de l'homme ». En ce sens, et en ce sens seulement, « cette pensée qui pense la vérité de l'Etre comme l'élément originel de l'homme en tant qu'ek-sistant est déjà en elle-même l'éthique originaire »x. Mais en une telle « éthique », il n'est plus question, comme dans l'éthique « épigonale » de la métaphysique, de produire ou de réfléchir les valeurs normatis de la pratique : la pensée s'y trou en deçà de la distinction entre la théorie et la pratique, c'est-à-dire au « niau » (qui n'est pas un niau) ou dans le « lieu » (qui n'est pas un lieu)2 où se dispense la présence à l'intérieur de laquelle se meunt, sans souci pour cette dispensation, théoriciens et praticiens, préoccupés seulement de ce par quoi le sujet peut assurer sa valeur.
Il me faut pourtant attirer ici l'attention sur une dimension éthique de la pensée de Heidegger qui ne semble pas se laisser aisément résorber dans l'idée d'une « éthique originaire », mais évoque davantage la pensée qui valorise. La mise en évidence d'une telle dimension épigonalement (et non originairement) éthique entrainerait bien évidemment une série de questions : quelle en est la pronance ? S'introduit-elle de l'extérieur dans l'entreprise, ou en est-elle une dimension constituti ? Quelle signification lui accorder ? Cette résurgence de l'éthique au sein d'une pensée qui entendait s'en libérer, qu'apprend-elle sur cette pensée elle-même et sur sa fécondité ? Si la désacralisation d'un penseur - condition préalable d'un réel dialogue ac sa pensée - passe par le droit de soupçonner qu'il pourrait y avoir, chez lui aussi, des ambiguïtés, des tensions, voire des contradictions ou des impasses, l'analyse de ce qui reconduirait ainsi Heidegger dans les parages d'une éthique par ailleurs vigoureusement dénoncée s'inscrit dans ce processus de désacralisation - trop longtemps, et parfois trop habilement, retardé par la simple pratique, exclusi et jalouse, de la répétition.



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