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ECONOMIE

L'économie, ou l'activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Un seul monde?

Qu'est-ce que la mondialisation ? Un diable responsable du chômage et de la pauvreté ou un horizon d'universel enfin atteint? Du point de vue des sciences sociales, elle désigne des représentations et des phénomènes multiples. Elle est liée à la généralisation du capitalisme et à la mise en cause de la régulation de l'Etat.

LE MOT «MONDIALISATION» fonctionne comme fascination et, souvent, comme repoussoir. De manière générale, la mondialisation fait plutôt peur, parce qu'elle est invoquée comme une sorte de flux gigantesque et multiforme qu'on ne peut qu'accomner et non pas diriger. Elle expliquerait autant le chômage en France que la crise en Corée du Sud (1). C'est aujourd'hui la sion d'un nombre croissant des habitants des pays occidentaux que Daniel Cohen, professeur de sciences économiques à l'Ecole normale supérieure, résumait récemment : «La mondialisation est devenue, en quelques années, le terme honni par lequel il faudrait, pour les uns, accepter les transformations en cours, et contre quoi, pour les autres, il faudrait lutter pour préserver l'ordre social si chèrement conquis. » (2) Mais comment un mot, inconnu il y a dix ans, a-t-il pu faire fortune en si peu de temps ? Probablement parce qu'il permet à chacun de désigner de manière simple et directe des phénomènes complexes et multiples. La force du mot «mondialisation» est de permettre le positionnement des acteurs face à la perception commune qu'existe désormais un seul monde, que nous y soyons prêts ou non.

De quoi parle-t-on ? Au-delà de la peur et des fantasmes, les réflexions des sciences sociales fournissent une sion démystifiée des processus conjoints de mondialisation et de replis identitaires. La mondialisation est avant tout caractérisée comme un phénomène économique ancien et continu, comportant des apogées et des reculs. Bien que nous soyons depuis ngt ans dans une phase d'accélération des échanges et de création d'une sphère financière globale, les sions actuelles sont en moyenne - surtout en France -plus prudentes sur la poursuite de la globalisation du capitalisme, tant du point de vue de sa mutation interne que de son extension à des régions et à des pays jusque-là en retrait ou moins développés (ancien bloc soétique, Afrique, Amérique centrale). Le deuxième aspect majeur de la mondialisation concerne la communication que marquent la création de réseaux, la numérisation des signaux, l'informatique, etc. Cette révolution technologique s'est accomnée d'une dynami-sation des actités de communication qui se trouvent pour la plupart dirigées des Etats-Unis. Nombre d'auteurs (3) y voient l'instrument du renforcement d'une hégémonie impériale, dont la généralisation étaire de la culture « étatsunienne » serait le symptôme. Quoi qu'il en soit, la globalisation des réseaux est un fait et, par essence, ils fonctionnent sur le mode «universel». En matière de communication, la notion de mondialisation dissimule les enjeux et la complexité des nouvelles formes d'interaction et de transaction au niveau étaire. Armand Mattelart estime que : «L'idée de globalisation de la communication et de "culture globale" est d'abord la propriété des spécialistes du marketing et du management. » (4) Elle est en quelque sorte leur grille de lecture du monde.
Le troisième débat concernant la mondialisation se focalise sur la place de l'Etat-nation, traversé et contourné par des réseaux et des flux de toute nature. En effet, la situation contemporaine se caractérise par l'émergence de phénomènes étaires transnationaux (écologie/défense des droits de l'homme, communications globales, etc.) et de régulations mondiales ou continentales (ONU/G7/Union européenne, etc.). Cette émergence d'une échelle globale comporte un corollaire : les phénomènes identitaires. Nombre de créations ou de replis nationalistes se donnent, par exemple, la mondialisation comme adversaire explicite. On assiste également à l'activation de réseaux transnationaux (mafias, religions, diasporas, etc.) qui se servent souvent de tous les moyens de la globalisation économique ou communica-tionnelle (c'est par Internet que les GIA algériens ou les rebelles du Chiapas s'expriment, et la radiotélésion vati-cane est sûrement aussi globalisée que CNN).


La dynamique multi-séculaire du capitalisme

L'analyse de la « mondialisation » se décline donc en premier lieu du point de vue économique. Or, en France, l'ombre de Fernand Braudel e sur une partie des travaux concernant la mondialisation économique. F Braudel a défini et approfondi la notion d'économie-monde. Dans cette conception, à chaque époque on peut définir des espaces relativement disjoints, dans lesquels se déploient de manière prilégiée les liens et échanges économiques ou commerciaux : «Il y a eu des économies-monde depuis toujours, du moins depuis très longtemps. De même qu'il y a eu des sociétés, des cilisations, des Etats, et même des empires» (5), rappelle F. Braudel, pour qui les vastes réseaux commerciaux des Phéniciens jusqu'au XVIII siècle constituèrent tour à tour des économies-monde. Dans cette conceptualisation, l'économie-monde européenne s'unifie à partir du x siècle, et trois règles générales de fonctionnement s'imposent à elle. En premier lieu, la lenteur des transformations que contraignent les distances et les moyens de transport; en deuxième lieu, l'existence systématique d'un centre, d'une lle capitaliste dominante ; en troisième lieu, la hiérarchie des espaces entre des centres et des périphéries, selon qu'ils sont plus ou moins intégrés à l'économie-monde dominante et à ses règles de fonctionnement. Le monde actuel serait une économie-monde en transition, dont le centre reste la mégapole est-américaine. Dans cette perspective, la sion de la mondialisation actuelle est réinscrite dans la longue durée des pulsations du capitalisme européen qui, à partir des XVI et XVII siècles, a étendu ses tentacules aux dimensions de la ète. La «globalisation» économique contemporaine se caractérise par la diffusion des mécanismes de marché à l'ensemble de la ète. Cette nouvelle avancée s'est produite en raison d'abord de l'effondrement de l'ex-Empire soétique, de l'expansion capitaliste dans des zones jusque-là rétives (en premier lieu l'Asie-Pacifique), et, enfin, de l'action volontariste des instances internationales de régulation des économies et du marché. Cependant, cette extension du marché et du capitalisme est loin d'être générale car de nombreux pays y échappent. C'est aux Etats-Unis que l'on a tout d'abord parlé de globalisation sans référence à la longue durée. Théodore Lett proposa en 1983, dans un article de la Harvard Business Reew, ce terme pour désigner la convergence des marchés pour les produits des grandes firmes multinationales. Une définition très extensive de la globalisation s'est ensuite développée dans les cercles managériaux de la Harvard Business School. Le vérile promoteur de la notion, le consultant Kenichi Ohmae, estime que l'économie internationale est désormais caractérisée par l'interdépendance entre trois ensembles de tailles équivalentes : la triade Union européenne, Amérique du Nord et Japon. Dans The Borderless World, paru en 1990, il affirme que les nationalismes économiques deennent sans fondements et qu'émergent des firmes multinationales déterritorialisées dont l'ensemble des fonctions est conçu de manière indépendante et mondialisée.
La firme globale, à la différence de l'entreprise internationalisée, est structurée en réseaux, liée par une culture d'entreprise propre. Robert Reich, à l'époque professeur à la Kennedy School of Government de Harvard, puis plus tard secrétaire au Travail dans le gouvernement Clinton, appuya cette sion de la globalisation (6).
La généralisation ou non des firmes globales est l'un des points de débat fondamentaux de la globalisation économique. La plupart des économistes pensent aujourd'hui que l'entreprise globale est un mythe. Seule une poignée de multinationales, imtées dans des «petits pays» comme la Suisse (Nestlé) ou la Suède (ABB), répondent aux critères de la globalisation totale : les autres restent pour la plupart des firmes centrées (7). La plupart des multinationales conserveraient une culture qui les distingue et garderaient une patrie même si elles ont besoin de se faire accepter partout.

La fin des politiques économiques ?
Pour R. Reich et K. Ohmae, les politiques nationales en matière économique n'ont plus de sens à l'ère de la globalisation des firmes. L'internationalisation de l'économie se traduit par une diminution des capacités d'intervention et d'action de l'Etat national (8). Cette position fait débat chez les économistes. Comme le note Suzanne Berger, politologue au MIT, à cette première position s'en oppose une autre. De nombreux analystes pensent la mondialisation comme un facteur nouveau que les politiques économiques doivent prendre en compte, mais qui ne les rend pas impuissantes (9). S. Berger, se plaçant dans une position intermédiaire, souligne que les effets de la globalisation sur les structures sociales ou économiques nationales sont largement, si ce n'est entièrement médiatisées par l'Etat. Elie Cohen affirme, lui aussi, le maintien du rôle de l'Etat dans la régulation économique. Il montre, par exemple, le caractère limité de la globalisation financière que l'on décrit souvent comme le point majeur de perte de souveraineté des Etats. L'essentiel des actités bancaires, par exemple, n'est pas globalisé. Une part nole de la spéculation monétaire proent de l'endettement massif des Etats, et les banques centrales continuent de maitriser les parités de change. L'essentiel serait aujourd'hui, au-delà du débat sur la capacité d'intervention économique des Etats, l'adaptation des formes nationales du capitalisme à la croissance des marchés et à la révolution technologique en cours.
On constate que la réponse passe, dans les pôles majeurs de l'économie mondiale, par une tendance à la constitution de blocs régionaux comme l'Union européenne ou l'AIena. Leur récent essor préure-t-il la vérile unification des espaces économiques de la ète ou, au contraire, montre-t-il les limites de la globalisation ? Quelle est la place de la politique, du social et de l'identité culturelle dans ces processus ? Il conent, pour penser les phénomènes en cours, de croiser l'émergence de marchés communs économiques unifiés avec l'existence d'autres regroupements interétatiques fondés sur les aspects de défense, de culture ou de religion. Il est vrai que le système international n'est, loin s'en faut, plus fondé sur la seule relation politique entre les Etats : l'a-t-il jamais été ? H n'est pas non plus uniquement orienté par les seules nécessités économiques, dont le mot « mondialisation » incarnerait l'alpha et l'oméga.

Des Etats-nations traversés de flux multiples
Le débat sur la souveraineté de l'Etat n'a pas que des aspects économiques. Les phénomènes de mondialisation en cours s'accomnent de turbulences et de recompositions entre régions, pays ou couches sociales et professionnelles. Stanley Hoffmann estime que la France risque de moins bénéficier que d'autres de la redistribution permanente du développement, d'autant que, dans ce pays, «toute intrusion du monde extérieur est souvent considérée comme un assaut contre l'identité française» (10). Généralisant ce propos, Bertrand Badie considère que les Etats-nations sont ésectiunelés entre la modernisation liée à la mondialisation, et la réinvention de la tradition. Dans cette sion, les flux économiques et les réseaux de toute nature redessinent les contours des communautés politiques. L'espace de ces dernières n'est plus uniquement borné par des frontières territoriales, mais reconstruit en fonction des stratégies d'entreprises, des circuits marchands, du déplacement des hommes, des effets de la communication. C'est le cas de l'Asie-Pacifique où se construisent des espaces économiques de croissance relativement autonomes s-à-s des réalités politiques.
La prise en compte des réseaux transnationaux constitue l'un des aspects majeurs de la compréhension des phénomènes d'interdépendance internationale. La Chine possède, par exemple, comme l'Inde, des liens forts et complexes avec ses diasporas qui expliquent en grande partie les investissements dans certaines régions et leur décollage économique.
Ces systèmes aux logiques floues, dont le territoire n'est plus l'unique référence, permettent d'interpréter la force et la place des Etats. C'est d'ailleurs fort d'une telle approche que le politologue américain Joseph Nye a, au tournant des années 90, fait sensation en refusant la thèse, populaire à l'époque, du déclin de l'Amérique (11). Il prenait en compte autant la force militaire que les réseaux économiques ou de communication pour définir la puissance des Etats-Unis. Parallèlement, dans de nombreuses régions, alors que les institutions étatiques sont parfois incapables de réagir à la pression économique, les formes politiques se recomposent. Des définitions communautaires, religieuses ou ethniques tendent à émerger : c'est particulièrement vrai dans les anciennes colonies où l'Etat «importé» est fortement mis à mal et se décompose parfois, comme en Algérie, au Zaïre ou en Asie centrale.


Vers une société-monde ?

L'interdépendance économique entraine la création d'une culture commune liée aux industries de communication (Hollywood, CNN, etc.). Ces dernières se diffusent essentiellement dans une élite mondialisée et urbanisée, grace à l'explosion des voyages professionnels ou touristiques et aux outils de communication. L'un des traits de la mondialisation semble être la constitution d'une nouvelle échelle de référence cosmopolite. Comme le souligne Jacques Lévy : « les artistes, chercheurs, universitaires, journalistes et "stylistes" de tous ordres, sans compter les cadres des firmes multinationales, ont fait de la mondialisation une pratique et une idéologie professionnelles qui retentissent sur leur e personnelle. Plus généralement, les sociétés urbaines, surtout dans les grandes lles, représentent un concentré de mon-dialité : beaucoup d'étrangers, une culture internationalisée par son niveau d'excellence, une similarité des modes de e quelle que soit la localisation de la métropole. » (12) Les processus en cours doivent donc aussi être lus comme l'émergence d'une échelle supplémentaire d'appartenance, placée au-dessus des sociétés nationales. Désormais, les indidus et les groupes peuvent se situer stratégiquement selon un niveau supplémentaire, tant pour en faire un horizon d'espérance que pour lipender l'échelle de la mondialisation dans le cadre de stratégies politiques identitaires.
Cependant, l'émergence d'une élite mondialisée ne signifie pas la constitution d'une citoyenneté ou d'une communauté mondiale. Dans les multiples ordres de l'interdépendance mondiale, les modes de gouvernement et de prise de décision varient et ne sont pas forcément coordonnés. Les multinationales sont gouvernées par leurs actionnaires, les églises par leurs hiérarchies, les ONG par leurs militants et leurs bureaucraties, etc. Les instances internationales, dans lesquelles priment les Etats-nations, demeurent centrales, même si elles doivent désormais composer avec les réactions d'un nombre croissant d'acteurs, dans l'ordre de l'économie ou dans des registres nouveaux comme l'écologie, les droits de l'homme, etc.
Au total, la globalisation économique ne doit masquer ni le maintien d'une hégémonie des Etats-Unis (seule vérile société-monde), ni la capacité des indidus et des communautés à choisir leur rapport à la mondialité, y compris dans le refus et le repli identitaire.



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