NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » ECONOMIE GéNéRALE » Courants et théories L'histoire économique - a l'heure de la cliométrie
Sciences Humaines ; Où en est l'histoire économique actuellement? SH : Quelle influence a eu la naissance de la New Economie History pratiquée aux Etats-Unis A partir des années 50? J.-C.A. : Les réactions initiales ont été franchement hostiles. Pour comprendre l'enjeu, il faut rappeler que le mode spontané d'expression de l'historien est le récit. L'historien raconte l'enchainement des faits historiques et, par lA mASme, leur donne un sens. De ce point de vue, la naissance de l'école des Annales avait déjA représenté un tournant majeur : l'histoire narration faisait place A l'histoire problème. La solidarité entre faits sociaux, économiques et culturels constitue depuis le principe cardinal de l'approche historique : il n'y a plus d'histoire économique considérée isolément. C'est sur ce point précis que la New Economie History (la NHE, appelée aussi cliométrie), A la fin des années 50, marque non plus un tournant, mais une rupture. La NHE propose ni plus ni moins d'expliquer l'histoire économique scientifiquement A partir de la théorie économique. Elle se fonde sur des hypothèses et des théories explicites pour construire des modèles exprimant les interdépendances entre les variables économiques dans un contexte donné. Ces modèles sont ensuite testés selon les critères de l'économétrie sur la base de données historiques. La méthode contrefactuelle représente l'aboutissement logique de cette démarche. Elle prétend reconstituer ce qu'aurait été l'évolution de l'économie si tel ou tel déloppement historique - la construction du chemin de fer aux Etats-Unis, par exemple - n'avait pas eu lieu. Une -histoire ac des si-, qui a tout pour choquer les historiens. SH : Quelle a été l'influence de la NHE aux Etats-Unis? J.-C.A. : MASme aux Etats-Unis, les débuts de la NHE ont été difficiles. La NHE s'est plu d'emblée A multiplier les provocations en partant d'hypothèses extrASmes, celles de concurrence pure et parfaite et de rationalité des -acteurs-. Les résultats, surtout, étaient provocants; ils prenaient systématiquement le contre-pied des thèses admises, en niant le rôle du chemin de fer dans la croissance américaine ou l'inefficacité de l'économie esclavagiste Comment s'étonner des réactions de défense aux Etats-Unis ? Mais il y a eu ensuite un apaisement pour dirses raisons. H est apparu d'abord que les résultats étaient impules non pas aux modèles eux-mASmes mais A leur maniement imparfait. La méthode scientifique de la NHE ne conduisait jamais A des conclusions définitis. On lui reconnaissait le mérite d'apporter des éclairages nouaux sur des points importants. Ce qui permettait de dire, il y a dix ans, que la révolution cliométrique était morte victime de son succès, que le clivage entre noulle et ancienne histoire économique avait vécu. Aujourd'hui, il est impossible de faire aux Etats-Unis de l'histoire économique en ignorant la théorie et les approches quantitatis. En mASme temps, la NHE a beaucoup évolué. Un de ses principaux représentants, le Prix Nobel Douglas North, prend ses distances par rapport A la modélisation économétrique, en centrant davantage son analyse sur les conditions institutionnelles de la mise en place de l'économie de marché. Ces débats autour de la NHE ne doint pas faire oublier ce que l'histoire a apporté A la théorie économique. La théorie de la croissance endogène fondée sur l'importance du capital humain a été devancée par les historiens qui insistaient depuis longtemps sur le rôle du système éducatif. MASme chose pour le concept de path dépendance (dépendance enrs la trajectoire) : les historiens n'ont pas attendu la science économique contemporaine pour le placer au centre de leur analyse. C'est le principe mASme de l'approche historique. |
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